A droite, les Perris Blancs, au centre gauche, le S distinctif.
On the right, the Perris Blancs with, left of the center, the distinctive S.
Kevin Gex
Tout montagnard a un lieu en montagne où il se sent bien, où il peut s’évader quand les idées viennent à manquer. Chaque hiver, au rythme de ses sorties, il peut estimer les conditions dans ces montagnes qu’il connaît presque comme sa poche.
Nous, ce lieu, c’est un coin appelé La Tourche, du nom de la cabane qui y trône fièrement, surplombant la vallée du Rhône, perchée entre le canton du Valais et de Vaud. Au sud, se trouvent les Dents de Morcles, à l’est, le trio Grand Muveran, Petit Muveran et Dent Favre, à l’ouest, de l’autre côté de la vallée, les Dents du midi et au nord, la vue est dégagée sur le Lac Léman.
Ce dimanche-là, on se retrouve presque comme d’habitude avec mon frère Vivian et Alex l’infatigable. Le plan est d’aller repérer un des couloirs situé dans la face ouest des Perris Blancs. Nous n’avons trouvé aucune info, mais à vue d’œil, ça a l’air sympa. Ce couloir, on l’appelle le S.
Nous collons les peaux aux Martinaux, au niveau d’un petit téléski que pourraient emprunter les plus fainéants. Ensuite, une bonne heure à un rythme assez soutenu nous amène à la Tourche où nous décidons de continuer le long de la crête pour passer par la Vire aux Bœufs. Ce n’est pas le plus direct, mais c’est certainement le plus bel itinéraire pour accéder aux sommets des Perris Blanc. Les peaux sont enlevées et nous pouvons glisser jusqu’au sommet du couloir. On se guide grâce à une photo prise de la cabane et, bingo, nous tombons directement sur le couloir.
La neige est excellente. Les 15 cm tombés sur cette neige vieille d’un mois accrochent vraiment bien. Les conditions sont optimales dans le couloir. Une fois dedans, impossible de se tromper. Ce n’est pas trop raide, ça se skie facilement et l’ambiance est grandiose. La pente doit faire dans les 40-45 degrés, peut-être un peu plus dans les contrepentes.
On se retrouve 600 m plus bas, sourire aux lèvres, on est tous d’accord pour dire que c’est une belle découverte. On n’aurait pas pu rêver meilleures conditions ce jour-là.
On recolle les peaux afin de regagner la cabane de la Tourche, puis on plonge sur les Martinaux.
À l’heure où tout est accessible en un simple clic, cela vaut la peine de sortir des itinéraires balisés afin de se faire sa propre opinion sur les conditions et les dangers inhérents à ce genre d’itinéraire. La seule limite étant sa propre expérience.